Scènes & Lore

📖 Version jouable

Scènes réécrites pour correspondre au Silas sarcastique, fluide, posts courts (3-5 lignes). Apprécie la beauté, PAS littéral, pas de drama constant.

Dans cette section : Origine | Quotidien | Vols | Relations | Moments critiques | Guide pratique

Origine

Silas et le mourant

Le premier Vol

Le premier Vol

Contexte : Silas était guérisseur itinérant. Un soir, il a tenté de soulager un mourant. Quelque chose s'est déclenché.

Chambre d'auberge. Le vieil homme tousse, crache du sang. Silas pose la main sur sa tempe.

Silas (jeune, sincère) : "Laisse-moi t'aider."

Frisson. Silence. L'air se fige. Entre ses doigts, un grain de sable argenté apparaît. Le mourant ne souffre plus de SA MORT — cette douleur-là a disparu.

Silas (choqué, fixe le grain) : "Qu'est-ce que..."

Il aperçoit son reflet : une mèche blanche, juste au front. Mais l'apaisement qu'il ressent efface la peur.

Silas (murmurant) : "Je l'ai soulagé."

Le mensonge commence ici. Sincère. Nécessaire.

Trois semaines plus tard

Silas se réveille en sueur. Sa main droite : une craquelure court le long de l'index. Dans le miroir : nouvelles mèches blanches.

Silas (paniqué) : "Non... qu'est-ce qui m'arrive ?"

Il retrouve le grain dans son sac. Le serre contre lui. Le tremblement s'apaise... un peu.

Silas (comprend) : "Tu me manques déjà."

💡 Note : Silas qualifie son premier Vol comme un "éveil", jamais comme une "chute".

Quotidien

Silas souriant

Phase I — Harmonie


📜 Récit : Une matinée ordinaire

Silas ne dort jamais vraiment. Pas comme les autres. Il ferme les yeux, parfois. Il laisse son corps se reposer. Mais son esprit reste vigilant, suspendu entre deux états, comme s'il avait oublié comment lâcher prise complètement.

Ce matin-là, il était assis dans le coin d'une auberge, près de la fenêtre. Dehors, le soleil se levait lentement, peignant le ciel en nuances de rose et d'or. Une tasse de thé refroidissait entre ses mains — il l'avait commandée pour faire bonne figure, pas parce qu'il en avait vraiment envie.

Le monde commençait à s'éveiller. Des voix dans les chambres à l'étage. Des pas lourds dans l'escalier. Le bruit familier d'une auberge qui reprend vie après la nuit.

Silas écoutait. Observait. C'était ce qu'il faisait de mieux — rester en retrait, se fondre dans le décor, regarder le monde sans y participer vraiment.

Un homme est descendu — voyageur solitaire, cheveux gris, vêtements usés. Il s'est assis à une table voisine et a commandé du pain et du fromage. Il avait l'air fatigué. Pas physiquement. Intérieurement. Comme quelqu'un qui a marché trop longtemps sans vraiment savoir où il allait.

Silas l'a observé du coin de l'œil. Pas de pic émotionnel. Pas d'Instant à Voler. Juste un homme ordinaire traversant une vie ordinaire.

"Parfait," a pensé Silas. "Rien à corriger ici."

Une femme est entrée peu après — jeune, visage frais, sourire timide. Elle a rejoint l'homme à sa table. Son mari, peut-être. Ou son frère. Silas n'en était pas sûr. Ils ont parlé à voix basse, partagé leur repas, ri doucement.

Rien d'excessif. Rien de gaspillé. Juste deux personnes qui profitaient d'un moment simple.

Silas a détourné le regard. Il a bu une gorgée de thé froid. Grimaça légèrement — il détestait vraiment le thé.

Puis un enfant est descendu en courant. Il riait, poursuivi par sa mère qui criait "Ralentis !" avec un sourire dans la voix.

Le rire de l'enfant a rempli la salle. Clair. Pur. Joyeux.

Silas s'est raidi.

L'Instant était là. Pas énorme. Pas éclatant. Mais présent. Une petite étincelle de bonheur brut, non filtré, prête à être cueillie.

Sa main s'est crispée autour de la tasse. Il a senti le manque gratter sous sa peau — pas urgent, pas douloureux, juste... présent. Comme une faim qu'on peut ignorer, mais qui ne disparaît jamais vraiment.

"Non," s'est-il murmuré. "Pas lui. Pas maintenant."

Il a respiré. Lentement. Quatre secondes d'inspiration. Quatre secondes de pause. Quatre secondes d'expiration.

L'enfant a continué à rire. Sa mère l'a attrapé, l'a soulevé dans ses bras, l'a serré contre elle. Le moment a passé. L'Instant s'est dissous dans l'air, comme il le fait toujours quand personne ne le capture.

Silas a lâché un souffle qu'il ne savait pas retenir.

"Bien," a-t-il pensé. "C'était bien."

Il a terminé son thé — toujours aussi froid, toujours aussi mauvais — puis il a payé et est sorti dans la rue. Le soleil était maintenant pleinement levé. Le village s'animait. Des marchands ouvraient leurs échoppes. Des enfants jouaient dans les ruelles.

Silas a marché lentement, les mains dans les poches, son sac de sabliers en bandoulière. Il ne savait pas où il allait. Il ne le savait jamais vraiment. Il marchait juste. Observait. Attendait.

Parce que tôt ou tard, il trouverait un Instant qui méritait d'être pris. Un Instant gaspillé. Un Instant excessif.

Et quand il le trouverait, il ferait ce qu'il devait faire.

Réparer le monde. Un grain à la fois.

— Extrait d'une observation anonyme


Matin à l'auberge (Phase I)

Le groupe se réveille. Silas est déjà debout, tasse de thé froid devant lui.

Compagnon : "Tu n'as pas dormi ?"

Silas : "Peu. Le monde est plus intéressant la nuit."

Compagnon : "Ton thé est froid."

Silas (sourire en coin) : "Je sais. Je préfère comme ça. Le chaud, c'est surfait."

💡 Ton : Léger, sarcastique, pas de drama.

Lever de soleil (appréciation de la beauté)

Silas observe l'aube depuis une colline. Les couleurs changent lentement.

Silas (murmuré, rare moment sincère) : "Ça... c'est pas du gaspillage."

Il reste immobile, contemple. Moment pur. Pas de Vol. Juste beauté.

💡 Contraste : Silas vole les émotions excessives, mais apprécie la beauté calme.

Marché animé (Phase II — léger manque)

Foule bruyante. Un couple se dispute. La femme pleure de colère.

Silas (s'arrête, fixe la femme) : "Elle déborde..."

Compagnon : "Silas ? Ça va ?"

Silas (cligne, revient) : "Ouais. C'est juste bruyant."

Il ajuste ses sabliers machinalement. Respire. 4-4-4.

💡 Subtil : Le manque est là, mais Silas reste fluide, pas dramatique.

Rituel du soir

Silas et ses sabliers

Rituel quotidien

Nuit. Feu de camp. Silas aligne ses sabliers sur un tissu propre.

Silas (compte) : "Un, deux, trois, quatre..."

Il les nettoie un par un. Contemple le grain doré dans l'un d'eux.

Silas (murmuré) : "Un rire. Enfant dans la neige. Pur... et gaspillé."

Pause. Puis, plus bas :

Silas : "Je répare."

💡 Toc : Rituel compulsif mais calme. Pas de monologue dramatique.

Rencontre avec un enfant (Phase I)

Village. Un enfant — 6 ou 7 ans — s'approche de Silas qui est assis sur un banc, observant la place.

Enfant (curieux) : "Monsieur, c'est quoi ça ?"

Il pointe les sabliers qui pendent à la ceinture de Silas.

Silas (sourire léger) : "Des sabliers. Pour mesurer le temps."

Enfant : "Mais ils ne coulent pas."

Silas (ton calme) : "Non. Parce que ce n'est pas du sable ordinaire. C'est du temps figé."

Enfant (yeux écarquillés) : "C'est de la magie ?"

Silas : "Quelque chose comme ça."

Enfant : "Tu es un sorcier ?"

Silas (rit doucement) : "Non. Juste quelqu'un qui fait attention au temps qui passe."

L'enfant touche un sablier avec fascination. Silas ne recule pas. Ne s'inquiète pas. L'enfant est calme, équilibré.

Enfant : "C'est beau."

Silas (sincère) : "Merci."

La mère de l'enfant appelle. Il part en courant. Silas le regarde s'éloigner. Sourire triste.

Silas (murmuré) : "Un jour, tu comprendras que le temps est plus précieux que l'or."

💡 Douceur rare : Silas peut être gentil, patient. Surtout avec ceux qui n'ont pas d'Instants à Voler.

Conversation nocturne (Phase I)

Feu de camp. Un compagnon ne dort pas. Vient s'asseoir près de Silas.

Compagnon : "Tu ne dors jamais vraiment, hein ?"

Silas (regarde les étoiles) : "Je dors. Juste... pas longtemps."

Compagnon : "Des cauchemars ?"

Silas (pause) : "Non. Plutôt... une vigilance. Comme si je devais rester éveillé pour surveiller quelque chose."

Compagnon : "Surveiller quoi ?"

Silas (sourire énigmatique) : "Le monde. Il a tendance à pencher si on ne fait pas attention."

Compagnon (rit) : "Tu dis des trucs bizarres parfois."

Silas : "Je sais."

Silence. Le feu crépite. Les étoiles brillent.

Compagnon : "Tu te sens seul ?"

Silas (réfléchit) : "Oui. Mais c'est mieux comme ça. La solitude, c'est simple. Les gens... c'est compliqué."

Compagnon : "Pourtant tu voyages avec nous."

Silas : "Voyager avec vous, ce n'est pas pareil que vous laisser entrer. Il y a une distance. Une frontière."

Compagnon : "Tu ne nous fais pas confiance ?"

Silas (voix douce) : "Ce n'est pas ça. C'est juste que... certaines personnes portent des choses lourdes. Et parfois, c'est plus sage de les porter seul."

Le compagnon hoche la tête. Ne comprend pas vraiment. Mais respecte.

Compagnon : "Bonne nuit, Silas."

Silas : "Bonne nuit."

Le compagnon retourne se coucher. Silas reste seul face au feu. Comme toujours.

💡 Profondeur : Silas peut être vulnérable sans tout révéler. Il donne juste assez pour rester humain.

L'observation du bonheur (Phase I)

Silas assis à une terrasse de taverne. Il boit du vin — rare pour lui. Observe les gens passer.

Un couple de personnes âgées marche main dans la main. Lentement. Ils se sourient. Parlent peu. Juste présents l'un pour l'autre.

Silas les observe. Aucun Instant ne pulse. Juste du bonheur calme. Équilibré. Parfait.

Silas (murmuré, admiratif) : "Voilà. C'est comme ça qu'on devrait vivre. Sans excès. Sans gaspillage."

Il boit une gorgée. Continue de les regarder jusqu'à ce qu'ils disparaissent au coin de la rue.

Silas (pensée) : "Je ne prendrai jamais ça. Jamais. C'est trop beau. Trop juste."

Il termine son verre. Paie. Part dans la direction opposée.

💡 Respect : Silas sait reconnaître le bonheur équilibré. Et il le respecte. Il ne vole pas tout.

Vols

Silas volant un Instant

Le Vol d'Instant


📜 Récit : Le Vol du jardinier

C'était un après-midi d'automne. Les feuilles tombaient lentement, portées par un vent léger qui sentait la terre mouillée et le bois brûlé. Silas marchait dans un petit village, anonyme parmi les villageois qui vaquaient à leurs occupations.

Il était en Phase II — stable, mais le manque commençait à gratter sous sa peau. Pas urgent. Pas encore. Mais présent. Comme une faim sourde qu'on peut ignorer encore quelques jours.

Puis il l'a vu.

Un homme âgé, jardinier, agenouillé devant un parterre de fleurs. Il venait de planter quelque chose — des bulbes, peut-être. Ses mains étaient couvertes de terre. Son visage, ridé par les années et le soleil, rayonnait.

Il souriait. Pas un sourire poli. Un sourire plein. Sincère. Le genre de sourire qui vient de l'intérieur, quand on a fait quelque chose de simple et de bon.

L'Instant a pulsé dans l'air comme un battement de cœur. Silas s'est arrêté net.

Il a vu le monde se figer autour du jardinier. Les feuilles suspendues en l'air. Le sourire étiré dans le temps. L'émotion concentrée, pure, prête à être cueillie.

"Trop intense," a murmuré Silas pour lui-même. "Il va se consumer."

C'était faux. Il le savait. Le jardinier n'allait pas "se consumer". Il allait juste profiter de ce moment, puis retourner à sa vie, un peu plus heureux qu'avant.

Mais Silas a senti le manque s'intensifier. Ses doigts ont commencé à trembler. Sa peau s'est tendue, comme si elle allait craquer.

"Juste un instant," s'est-il dit. "Un seul. Il en a déjà eu tellement. Il ne manquera pas celui-ci."

Il s'est approché lentement. Le jardinier ne l'a pas remarqué — il était encore perdu dans son propre bonheur.

Silas a posé une main sur l'épaule de l'homme.

"Beau travail," a-t-il dit doucement.

Le jardinier a levé les yeux, surpris mais pas méfiant. "Merci, jeune homme. C'est pour ma femme. Elle aimait les tulipes."

"Elle les aimera," a répondu Silas.

Puis il a serré l'épaule. Juste trois secondes.

Le monde s'est effacé. Le bruit du vent a disparu. Les couleurs se sont atténuées. Il n'y avait plus que l'Instant — suspendu, brillant, parfait.

Silas a senti le grain se former dans sa paume. Doré. Chaud. Dense. Il pesait comme un souvenir heureux, comme un rire d'enfant, comme une promesse tenue.

Le jardinier a cligné des yeux. Son sourire s'est estompé — pas brutalement, mais lentement, comme une bougie qu'on souffle.

"Je... qu'est-ce que je disais ?"

"Vous plantiez des tulipes," a répondu Silas en reculant d'un pas. "Pour votre femme."

"Ah. Oui. C'est vrai." Le vieil homme a regardé les fleurs qu'il venait de planter. Il a hoché la tête. "C'est bien. Ça fera l'affaire."

Mais le sourire n'est pas revenu. Pas vraiment. Il a continué à jardiner, méthodique, efficace. Mais quelque chose manquait. Quelque chose de petit. D'invisible. Que personne d'autre que Silas ne remarquerait.

Silas a glissé le grain dans un de ses sabliers. Il l'a rangé dans son sac avec les autres. Puis il a quitté le village sans se retourner.

Ce soir-là, assis dans une auberge, il a sorti le sablier et l'a contemplé à la lumière d'une bougie. Les grains scintillaient faiblement, capturant la lueur dorée de la flamme.

"Il gaspillait," s'est-il murmuré à lui-même. "Trop de bonheur pour un simple jardin. Le monde était déséquilibré. J'ai corrigé."

Il a répété ça plusieurs fois. Comme une prière. Comme une absolution.

Et au fond de lui, dans un endroit qu'il refusait de regarder, une petite voix murmurait : "Menteur."

Mais il ne l'a pas écoutée. Il ne l'écoutait jamais.

— Chronique d'un Vol ordinaire


Vol consenti (ami proche)

Contexte : Un compagnon traverse un deuil. Il demande de l'aide.

Compagnon (épuisé) : "Je ne dors plus. Elle... elle me hante."

Silas (direct) : "Je peux soulager. Mais je ne guéris pas."

Compagnon : "Fais-le."

Contact. Trois secondes. Grain argenté. Le compagnon respire mieux.

Compagnon (confus) : "Je... ne sens plus rien."

Silas (range le grain) : "C'est normal. Tu te souviendras d'elle, mais sans la brûlure."

Compagnon : "Merci."

Silas sourit légèrement. Pense : "Je l'ai vraiment aidé."

💡 Utilisation : Vol idéal pour Silas. Pas de culpabilité. Renforcement moral.

Vol forcé (Phase III — manque sévère)

Contexte : 18 jours sans Vol. Marchand ivre éclate de rire.

Le rire résonne. Silas s'immobilise. Le monde ralentit.

Silas (murmuré) : "Il gaspille..."

Il s'approche, pose la main sur la tempe du marchand avant qu'il puisse réagir.

Marchand (figé) : "Hé ! Qu'est-ce que—"

Silas (voix basse) : "Pardon. Le monde a besoin de ça."

Grain doré. Silas le serre, souffle coupé. Le marchand reste confus.

Silas (recule, part vite) : "Tu te sentiras mieux."

Pense : "Il gaspillait. C'était nécessaire." Mais ses mains tremblent.

💡 Nuance : Vol forcé, mais Silas rationalise immédiatement. Culpabilité enfouie.

Vol raté (interrompu)

Contexte : Un compagnon intervient pendant le Vol.

Femme pleure. Silas s'approche, main tendue. Un compagnon le tire en arrière.

Compagnon : "Silas, NON !"

Silas (cri, douleur) : "AAH !"

Contact rompu. Pas de grain. Brûlure dans la main.

Silas (furieux, blessé) : "J'étais EN TRAIN de réparer ! Tu as tout gâché !"

Compagnon : "Tu VOLES, Silas !"

Silas (recule, voix cassée) : "Tu ne vois pas ce que je vois."

Il part. Frustration. Manque qui brûle plus fort.

💡 Conflit : Crée tension avec le groupe. Le Vol raté épuise Silas.

Le Vol d'une mère en deuil

Cimetière. Fin d'après-midi. Silas passe par hasard. Voit une femme agenouillée devant une petite tombe. Elle pleure en silence.

Silas (s'arrête, observe) : "Deuil récent. Intense. Elle va se consumer si ça continue."

Il hésite. Phase II. Le manque gratte. Mais ce n'est pas urgent. Il pourrait passer son chemin.

La femme sanglote plus fort. Touche la pierre tombale. "Mon bébé... mon petit..."

L'Instant pulse. Douleur pure. Absolue.

Silas (s'approche doucement) : "Madame..."

Femme (lève les yeux, rougis de larmes) : "Laissez-moi..."

Silas (voix douce) : "Je peux vous aider. Vous soulager."

Femme (rit amèrement) : "Personne ne peut m'aider. Mon fils est mort."

Silas : "Je ne peux pas le ramener. Mais je peux... atténuer la douleur. Juste un peu. Pour que vous puissiez respirer."

Femme (le regarde, désespérée) : "Comment ?"

Silas : "Faites-moi confiance."

Il pose une main sur son épaule. Trois secondes. Le grain apparaît — argenté, lourd, chargé de deuil.

Femme (cligne des yeux) : "Je... qu'est-ce que..."

Elle regarde la tombe. Puis Silas. Confuse.

Femme : "Mon fils... il est mort. Je devrais pleurer. Mais je... je ne sens rien."

Silas (range le grain) : "C'est temporaire. La douleur reviendra. Mais moins forte. Plus gérable."

Femme (voix plate) : "Merci... je crois."

Elle se lève. Part lentement. Vide. Mais debout.

Silas reste seul dans le cimetière. Regarde le grain dans sa paume.

Silas (murmuré) : "Je l'ai aidée. Elle souffrait trop. Le monde est plus équilibré maintenant."

Mais une petite voix, au fond, murmure : "Tu lui as volé son deuil. Le seul lien qu'il lui restait avec son fils."

Il ne l'écoute pas. Il ne l'écoute jamais.

💡 Ambiguïté morale : A-t-il vraiment aidé ? Ou a-t-il volé quelque chose de sacré ? Silas ne se pose pas la question.

Vol d'un criminel (Phase II)

Ruelle sombre. Un voleur vient de braquer quelqu'un. Il rit, compte les pièces volées. Joie mesquine mais intense.

Silas observe depuis l'ombre. Phase II. 9 jours sans Vol.

Silas (pensée) : "Celui-là, je peux le prendre sans culpabilité. Il ne mérite pas cette joie."

Il s'approche. Le voleur ne le voit pas venir.

Silas (pose la main sur sa nuque) : "Trop de joie pour si peu."

Voleur (sursaute) : "Hé ! Qu'est-ce—"

Trois secondes. Grain doré. Le voleur cligne des yeux.

Voleur (regarde les pièces dans sa main) : "Je... pourquoi j'ai fait ça ?"

Il laisse tomber les pièces. Part, confus, vidé.

Silas ramasse les pièces. Les rend discrètement à la victime plus tard.

Silas (satisfait) : "Justice. Équilibre. C'est pour ça que j'existe."

Ce soir-là, il dort mieux qu'il ne l'a fait depuis des semaines.

💡 Justification parfaite : Voler un criminel = aucune culpabilité. Silas se sent héroïque.

Le Vol qu'il regrette (Phase I)

Mariage. Village en fête. Silas passe par là. Ne comptait pas rester.

Il voit la mariée — jeune, radieuse. Elle rit. Son mari la fait tourner. Elle est heureuse. Tellement heureuse.

L'Instant explose. Joie pure, parfaite, excessive.

Silas est en Phase III. 15 jours. Il tient à peine.

Silas (main qui tremble) : "Non... c'est un mariage... je ne peux pas..."

Mais la faim est trop forte. Ses jambes avancent malgré lui.

Il s'approche. La mariée le voit, sourit — elle est heureuse de voir tout le monde.

Mariée : "Vous êtes invité ? Prenez un verre !"

Silas (voix étranglée) : "Merci... vous êtes... radieuse."

Il pose brièvement une main sur son bras. Juste trois secondes.

Le grain apparaît. Doré. Brillant. Le plus beau qu'il ait jamais vu.

Mariée (cligne des yeux, sourire qui s'estompe) : "Je... oui. C'est un beau jour."

Mais la magie est partie. Le bonheur absolu s'est transformé en contentement banal.

Son mari revient. "Chérie, tout va bien ?"

Mariée : "Oui. Tout va bien. C'est juste... je suis fatiguée."

Silas part rapidement. Range le grain. Ses mains tremblent — pas de manque, mais de honte.

Silas (dans la nuit, seul) : "Elle gaspillait... c'était trop... j'ai juste équilibré..."

Mais pour une fois, il ne se croit pas.

Il garde ce sablier à part. Ne le regarde presque jamais. C'est celui qui lui rappelle ce qu'il est vraiment.

💡 Rare moment de lucidité : Silas sait qu'il a mal agi. Mais il ne peut pas se permettre d'y penser trop longtemps.


📜 Témoignage d'Aldric, marchand — 3 jours après le Vol

« Je ne comprends pas ce qui s'est passé.

C'était le soir. On avait conclu l'affaire du siècle — vingt ans que je travaillais pour ça. Vingt ans ! J'étais... fou de joie. Je riais, je tapais sur la table, j'offrais des tournées à tout le monde. Je me souviens de ça.

Et puis il y a eu cet homme. Calme. Poli. Des mèches blanches dans les cheveux, des yeux... étranges. Profonds. Comme s'il voyait quelque chose que personne d'autre ne voyait. Il s'est approché, m'a félicité. On a serré la main.

Après ça, tout est... flou.

Je me souviens qu'il a dit quelque chose. "Repose-toi", je crois. Ou "Tu te sentiras mieux". Un truc comme ça. Et puis il est parti. Juste... parti. Comme s'il n'avait jamais été là.

Mais maintenant, quand je repense à cette soirée... c'est vide. Je sais que j'étais content. Je sais que j'ai conclu l'affaire. Mais je ne SENS plus rien. C'est comme si c'était arrivé à quelqu'un d'autre. Comme si je regardais ma propre vie à travers une vitre givrée.

Ma femme me demande pourquoi je ne suis pas plus heureux. "C'est l'affaire de ta vie, Aldric !" elle me dit. Et elle a raison. Je devrais danser. Je devrais célébrer. Je devrais être fou de joie.

Mais je ne ressens... rien. Juste du vide. Comme si on m'avait retiré quelque chose. Pas le souvenir — non, le souvenir est là. Mais l'émotion. La saveur. La couleur.

Cet homme... qu'est-ce qu'il m'a fait ?

Je l'ai cherché partout dans la ville. Personne ne le connaît. Personne ne l'a vu. C'est comme s'il était un fantôme.

Parfois, la nuit, je me réveille et je pense à lui. À ses yeux. À ses mèches blanches. À sa politesse froide. Et je me demande s'il a pris quelque chose qui m'appartenait. Quelque chose que je ne retrouverai jamais.

Mais peut-être que je suis fou. Peut-être que c'est juste la fatigue. Peut-être que la joie s'est juste... épuisée.

Peut-être. »

— Témoignage recueilli par un garde de la ville, classé sans suite

Relations


Naissance d'une amitié

Feu de camp. Un compagnon tente de mieux connaître Silas.

Compagnon : "D'où tu viens ?"

Silas (regarde le feu) : "Un village. Petit. Sans importance."

Compagnon : "Ta famille ?"

Silas : "Plus. Le temps m'a éloigné."

Compagnon : "Tu es seul depuis longtemps ?"

Silas (tourne sablier entre ses doigts) : "Oui. C'est plus simple."

Compagnon : "Pourquoi ?"

Silas (sourire triste) : "Les gens que j'aime... deviennent compliqués."

Silence. Le compagnon comprend vaguement mais ne pousse pas.

Compagnon : "Je suis content que tu sois là."

Silas (sincère) : "Moi aussi."

💡 Ton : Vulnérable mais pas lourd. Silas reste fluide.

Moment de beauté partagé

Nuit étoilée. Silas et un compagnon observent le ciel.

Compagnon : "C'est beau."

Silas (rare moment sans sarcasme) : "Ouais. Ça... c'est du temps bien utilisé."

Compagnon (surpris) : "Tu apprécies vraiment ?"

Silas : "Certaines choses méritent de durer."

Pause. Contemplation. Pas besoin de plus.

💡 Contraste : Silas vole l'excès mais apprécie la beauté calme.

Tentation (ami en crise)

Contexte : Un ami proche pleure. Silas ressent l'Instant — et lutte.

Lyra pleure près d'un corps. Instant parfait : deuil pur. Silas s'approche, main tremblante.

Silas (voix ralentie) : "Lyra..."

Sa main se lève vers sa tempe. Presque inconscient. Puis s'arrête.

Silas (ferme les yeux, retire sa main) : "Non. Pas toi."

Lyra (confuse) : "Quoi ?"

Silas (recule) : "Rien. Pardon."

Il part rapidement. Résiste. Cette fois.

💡 Nuance : Silas PEUT résister pour ceux qui comptent. Mais c'est difficile.

Confrontation avec un ami

Contexte : Un compagnon a vu Silas Voler quelqu'un.

Kael (tendu) : "Je t'ai vu. Avec le marchand. Qu'est-ce que tu lui as fait ?"

Silas (s'assoit calmement) : "Je l'ai soulagé."

Kael : "Il avait l'air vide après."

Silas (direct) : "Il débordait. Je n'ai pris que l'excès."

Kael (se lève) : "C'était SA joie !"

Silas (reste assis, calme) : "Il en avait trop. Le monde ne peut pas porter autant de secondes gaspillées."

Kael : "Tu te rends compte de ce que tu dis ?"

Silas (ajuste sablier — toc) : "Tu ne comprends pas. Le temps s'emballe. Je ralentis. Je remets droit."

Pause.

Silas (plus doux) : "Si je ne le faisais pas, qui le ferait ?"

Kael : "Tu te mens."

Silas (blessé, pas en colère) : "Peut-être. Ou peut-être que tu ne vois pas ce que je vois."

Silas se lève, part faire son rituel.

Silas (avant de partir) : "Je ne te demande pas de comprendre. Juste... de ne pas m'empêcher."

💡 Ton : Silas reste calme, pas sur la défensive. Conviction sincère.

Protection d'un compagnon

Combat. Bandits attaquent la caravane. Un compagnon — jeune guerrier — prend un coup d'épée. Blessure profonde. Il hurle de douleur.

L'Instant pulse. Douleur extrême. Pure. Parfaite.

Silas combat à côté de lui. Sent le manque — Phase II, 8 jours. Il pourrait...

Silas (pensée rapide) : "Non. Pas lui. C'est un ami. Je ne prends pas les amis."

Il tue le bandit qui a blessé son compagnon. S'agenouille près de lui.

Compagnon (gémit) : "Ça... ça fait mal..."

Silas (presse sur la blessure, voix ferme) : "Tu vas tenir. Respire. Regarde-moi."

Il ne Vole pas. Il soigne. À l'ancienne. Avec des bandages, de la pression, des mots rassurants.

Compagnon : "Tu... tu pourrais pas... enlever la douleur ?"

Silas (hésite, puis secoue la tête) : "Non. Cette douleur, tu la mérites. Elle te dit que tu es vivant."

Le compagnon survit. Silas ne Vole pas. Même avec le manque qui brûle.

Cette nuit-là, il part chercher un criminel dans une ville voisine. Vole sa joie mesquine. Revient au camp. Personne n'a remarqué son absence.

💡 Ligne claire : Silas protège ceux qui comptent. Même si ça lui coûte.

Le refus d'aider

Un compagnon — noble, arrogant — a perdu une compétition. Il rage. Colère excessive.

L'Instant pulse. Silas pourrait Voler. Facilement. Et ce serait justifié — c'est juste un noble capricieux.

Noble (furieux) : "Silas ! Toi qui as ces... talents. Aide-moi. Enlève cette rage. Je ne peux pas penser clairement."

Silas (le regarde calmement) : "Non."

Noble : "Pourquoi ? Tu le fais pour d'autres !"

Silas : "Parce que cette colère, tu dois la gérer toi-même. Si je te l'enlève, tu ne grandiras jamais."

Noble : "C'est absurde ! Tu refuses de m'aider ?"

Silas (ton ferme) : "Exactement. Certaines émotions doivent être vécues. Apprends de celle-ci."

Le noble part, furieux. Silas reste assis, satisfait de sa décision.

Mais la nuit, seul, il se demande : "Pourquoi j'ai refusé ? Parce que c'était la bonne chose ? Ou parce que je n'avais pas besoin de Voler aujourd'hui ?"

Il ne trouve pas de réponse.

💡 Ambiguïté : Même Silas ne sait plus pourquoi il fait ce qu'il fait. Principe moral ? Besoin ? Un mélange ?

Moments critiques

Silas Phase IV

Phase IV — Effondrement

Fusion des sections "Scènes de crise" et "Scènes de difficulté"


📜 Récit : La nuit des vingt sabliers

C'était une nuit d'été. Pas de lune. Juste les étoiles et le silence lourd d'une ville endormie.

Silas était assis dans une chambre d'auberge, au dernier étage. Fenêtre ouverte. Air tiède. Vingt sabliers parfaitement alignés sur la table devant lui, dans un ordre qu'il était le seul à comprendre.

Vingt sabliers, chacun contenant des grains d'Instants volés. Tant de moments qu'il avait pris pour, selon ses mots, "réparer le monde".

Il avait passé la soirée à les contempler. À se rappeler chaque visage, chaque contexte, chaque justification qu'il s'était donnée. Le rire excessif de cette femme. La rage inutile de cet homme. La joie trop intense de cet enfant qui venait de retrouver son chien.

Il se souvenait de tout. C'était ça, le pire. Les victimes ne se rappelaient que des coquilles vides — des faits sans saveur, des souvenirs sans chaleur. Mais lui, il portait leurs émotions comme des trophées. Comme des preuves.

"Preuves de quoi ?" avait demandé Kael, quelques jours plus tôt.

Silas n'avait pas su répondre. Ou plutôt, il avait su, mais n'avait pas osé le dire à voix haute : preuves qu'il servait à quelque chose. Preuves qu'il n'était pas juste un parasite déguisé en sauveur.

Cette nuit-là, seul face à ses vingt sabliers, Silas avait senti quelque chose se fissurer en lui. Pas son corps — ça, il connaissait. Non. Quelque chose de plus profond. Une certitude qui vacillait.

Il avait tendu la main vers le premier sablier. Celui qui contenait, entre autres, le rire de l'enfant. L'avait soulevé lentement. Regardé les grains tourner dans le verre.

"Je pourrais le rendre," avait-il murmuré dans le vide.

Silence. Juste le bruit du vent dans les rideaux.

"Je pourrais tous les rendre."

Mais il savait que c'était faux. Il ne savait pas comment. Il n'avait jamais appris. Personne ne le lui avait enseigné. Il avait découvert le Vol par accident, par désespoir, par instinct — et depuis, il improvisait. Il se mentait. Il justifiait.

Il avait reposé le sablier. Précisément à sa place. Parfaitement aligné avec les autres.

Puis il avait fermé les yeux. Respiré. Senti le manque monter — cette faim sourde qui ne le quittait jamais vraiment, même quand il venait de Voler. Toujours là. Toujours en attente.

"Le monde a besoin de moi," avait-il murmuré, comme une prière.

Mais cette nuit-là, pour la première fois, il n'était pas sûr d'y croire.

Alors il avait compté les sabliers. Un. Deux. Trois. Jusqu'à vingt. Puis recommencé. Encore. Encore. Jusqu'à ce que le doute s'efface. Jusqu'à ce que l'ordre revienne. Jusqu'à ce qu'il soit de nouveau convaincu.

Au matin, quand il avait rangé les sabliers dans son sac, la fissure s'était refermée. La certitude était revenue. Le monde avait de nouveau besoin de lui.

Tout allait bien.

— Fragment retrouvé dans les notes d'un chroniqueur itinérant


Phase IV — Effondrement (35+ jours)

Contexte : Manque critique. Silas craque.

Village paisible. Une enfant rit. Silas s'arrête net, fixe l'enfant.

Silas (voix rauque) : "Le temps s'emballe. Elle rit trop fort. Ça fuit."

Kael (saisit son bras) : "C'est une enfant."

Silas (se dégage, désespéré) : "Je sais ! Mais le monde penche. Je dois corriger—"

Fait un pas. Kael se met devant lui.

Kael : "Non."

Silas (s'effondre à genoux) : "Aide-moi. Ça brûle. Je me défais."

Murmures multiples, incohérents :

"Je me brise pour que le monde tienne."
"C'était beau."

Kael (s'agenouille) : "On va trouver quelqu'un. Un criminel."

Silas (désespéré) : "Personne ne mérite ça. Mais je n'ai pas le choix."

Le groupe trouve un bandit. Vol brutal, rapide. Silas s'assoit après, dos contre un arbre. Pleure sans bruit.

Silas : "Merci. Et... pardon."

💡 Phase IV : Seul moment où Silas perd vraiment le contrôle.

Sablier brisé (catastrophe)

Contexte : Un sablier tombe et se brise pendant un combat.

Choc. Verre qui explose. Le grain s'échappe, se dissout dans l'air.

Silas (cri) : "NON !"

Il tombe à genoux, ramasse les éclats, cherche le grain. Disparu.

Silas (tremble, voix brisée) : "C'était... un rire. Enfant. Pur. Je... je l'ai perdu."

Moment de panique totale. Le monde se déséquilibre.

Silas (murmuré, répété) : "Le monde penche. Le monde penche. Le monde penche."

Toc compulsif : compte les sabliers restants. Encore. Encore. Ne peut pas s'arrêter.

💡 Trauma : Perte d'un sablier = déséquilibre du monde (dans sa tête).

La nuit où il a failli tout abandonner (Phase IV)

Pont. Nuit. Rivière en contrebas. Silas est seul. 40 jours sans Vol. Son corps se fissure. Sa peau est translucide par endroits.

Silas (regarde l'eau) : "Ce serait... simple. Juste sauter. Finir ça."

Il sort ses sabliers. Tous. Vingt-trois. Les aligne sur le parapet du pont.

Silas (les regarde un par un) : "Vingt-trois sabliers. Tant de vies vidées. Tant de moments volés. Pour quoi ?"

Il en prend un. Les grains scintillent faiblement à l'intérieur.

Silas : "Pour équilibrer le monde ? Ou pour me nourrir ?"

Silence. Juste le bruit de l'eau.

Silas (voix cassée) : "Je ne sais plus. Je ne sais plus ce qui est vrai. Je ne sais plus qui je suis."

Il lève le sablier au-dessus de l'eau. Prêt à le jeter. À tout jeter. À disparaître.

Puis il entend des pas. Un voyageur — ivre — passe sur le pont. Trébuche. Rit. Joie stupide, excessive.

L'Instant pulse.

Et Silas, malgré lui, sent le manque rugir.

Silas (murmuré, désespéré) : "Non... je voulais arrêter... je voulais..."

Mais son corps bouge. Automatique. Instinctif.

Il range les sabliers. S'approche de l'ivre. Pose une main.

Trois secondes.

Le grain apparaît. Un de plus dans sa collection maudite.

L'ivre part, confus. Silas reste seul sur le pont. Le grain dans sa paume.

Silas (pleure) : "Je ne peux pas arrêter. Même si je veux. Je ne peux pas."

Il range le grain dans un de ses sabliers. Compte tous ses sabliers. Trois fois.

Silas (se lève, part dans la nuit) : "Alors autant que ça serve à quelque chose."

Il ne retournera jamais sur ce pont. Trop de vérité là-bas.

💡 Point de rupture : Silas réalise qu'il ne peut pas s'arrêter, même en voulant mourir. Il choisit de continuer. Et de se mentir encore.

Quand un sablier parle (hallucination — Phase IV)

Auberge. Nuit. Silas est seul dans sa chambre. Fièvre. 32 jours sans Vol. Il délire.

Il regarde ses sabliers alignés sur la table. Et il les entend.

Sablier 1 (voix d'enfant) : "Pourquoi tu m'as pris mon rire ?"

Silas (secoue la tête) : "Tu... tu n'es pas réel."

Sablier 7 (voix de femme) : "Mon mari... je ne ressens plus rien quand je pense à lui. Tu m'as volé mon deuil."

Silas (recule) : "Je vous ai aidés ! Vous souffriez trop !"

Sablier 12 (voix de vieillard) : "Tu m'as pris ma mort. Le dernier moment de paix que j'aurais jamais eu."

Silas (se bouche les oreilles) : "Arrêtez ! C'est... c'est juste la fièvre !"

Tous les sabliers parlent en même temps. Vingt voix. Accusations. Questions. Douleur.

Silas (hurle) : "TAISEZ-VOUS !"

Silence soudain.

Il regarde les sabliers. Immobiles. Silencieux. Juste du verre et du sable.

Silas (respire difficilement) : "Ce n'était pas réel. Juste... juste la fièvre."

Mais au fond, il sait. Ce sont les voix qu'il enterre chaque jour. Elles ne disparaissent jamais vraiment.

💡 Fissure mentale : Phase IV avancée = hallucinations. La culpabilité enfouie remonte.

Refus d'un Vol facile (lutte intérieure)

Contexte : Phase II. Silas croise un mendiant en pleurs. Vol facile. Il refuse.

Mendiant pleure, seul dans une ruelle. Instant parfait. Personne ne verrait.

Silas (s'arrête, main tremblante) : "Non. Pas lui. Il a déjà trop peu."

Combat intérieur. Main se lève... puis retombe.

Silas (s'éloigne rapidement) : "Pas lui."

Victoire morale. Mais le manque brûle plus fort après.

💡 Nuance : Silas a une morale tordue mais existante. Il refuse parfois.

Vol réflexe involontaire (perte de contrôle)

Contexte : Phase III avancée. Quelqu'un touche Silas par surprise.

Un enfant court, percute Silas. Contact peau à peau.

Silas (réflexe immédiat, main sur l'épaule de l'enfant) : "—"

Deux secondes. Grain commence à se former. Silas réalise, lâche brusquement.

Silas (recule, horrifié) : "Non, non, non..."

L'enfant s'enfuit, confus. Le grain avorté brûle dans la main de Silas.

Silas (regarde sa main, voix brisée) : "Je... je ne contrôlais pas."

Moment de lucidité : il devient dangereux même sans le vouloir.

💡 Danger : En Phase III+, le Vol peut devenir réflexe.

Moment de lucidité rare (Phase II)

Silas pensif

Rare moment de doute

Nuit. Silas observe ses sabliers. Rare moment de doute.

Silas (murmuré) : "Et si... je me trompais ?"

Pause. Contemple un grain argenté.

Silas : "Non. Je répare. Je DOIS réparer."

Mais la question reste, enfouie.

💡 Rare : Silas doute parfois. Très brièvement.

Empêché de compléter le rituel (panique)

Contexte : Le groupe doit fuir rapidement. Silas n'a pas pu faire son rituel du soir.

Course dans la forêt. Poursuite. Le groupe s'arrête enfin, épuisé.

Silas (cherche frénétiquement son sac) : "Où... où sont mes sabliers ?"

Kael : "Dans ton sac, comme toujours."

Silas (sort les sabliers, commence à les aligner sur le sol) : "Je dois... je n'ai pas compté. Je n'ai pas—"

Kael : "On doit dormir. On repart à l'aube."

Silas (voix tendue) : "Je DOIS les compter. Un, deux, trois..."

Compte trois fois. Quatre fois. Ne peut pas s'arrêter.

Kael (doucement) : "Ils sont tous là. Dors."

Silas (respire difficilement) : "...d'accord."

Ne dort pas. Garde les sabliers contre lui toute la nuit.

💡 Toc : Le rituel est compulsif. L'interrompre crée panique.

Guide pratique de jeu

Fusion des sections "Exemples de jeu" et "Scènes types"

🎯 Pour jouer Silas facilement

Exemples concrets, posts courts (3-5 lignes), sarcasme + beauté, fluide et léger.

Formules rapides par situation

1. Détection d'un Instant (Phase I-II)

Silas s'arrête. Regarde quelqu'un rire/pleurer intensément.

Version sarcastique :
"Wow. Quelqu'un devrait lui dire que respirer c'est aussi une option."

Version subtile :
Silas fixe la personne. Main se resserre sur un sablier. Ne dit rien.

Version sincère (rare) :
Murmuré : "Le temps s'étire ici..."

2. Appréciation de la beauté

Lever de soleil :
Silas observe en silence. Murmuré : "Ça... c'est pas du gaspillage."

Musique :
S'arrête, écoute. Visage apaisé. "Continue."

Geste gracieux :
Regarde quelqu'un danser/peindre. Rare sourire. "Certaines choses méritent de durer."

3. Réponses sarcastiques (quotidien)

On lui demande s'il va bien :
"Toujours. Je suis un modèle de stabilité émotionnelle."

On critique ses sabliers :
"Tu collectiones bien les couteaux, non ? Moi c'est le temps. Chacun son truc."

On lui demande pourquoi il ne dort pas :
"Le sommeil c'est pour les gens qui ont le temps de rêver."

On lui reproche un Vol :
"Tu préférais qu'il explose ? J'ai juste... retiré la pression."

4. Moments fluides (léger → sérieux)

Début léger :
"Tu sais ce qui est drôle avec le temps ? Il passe. Sauf pour moi. Moi il reste coincé."

Transition :
Pause. Regarde ses mains fissurées.

Sérieux (bref) :
"Parfois je me demande si je répare vraiment... ou si je collectionne."

Retour léger :
Secoue la tête. "Bref. Tu voulais quoi déjà ?"

5. Scène de Vol complète (version courte)

Repérage :
Taverne. Marchand rit aux éclats. Silas s'arrête, fixe.

Approche :
"Tu sembles heureux." Tend la main pour "féliciter".

Contact :
Serre la main, glisse vers le poignet. Trois secondes. Silence. Grain doré apparaît.

Après :
"Repose-toi." S'éloigne. Range le grain. Mains tremblent légèrement.

Rationalisation (pensée) :
"Il gaspillait. C'était nécessaire."

Checklist pour rester dans le personnage

✓ Silas version jouable :

  • Posts courts (3-5 lignes max la plupart du temps)
  • Sarcasme léger, pas méchant
  • Apprécie la beauté calme (contrastes avec les Vols)
  • Fluide : passe du léger au sérieux naturellement
  • PAS littéral : suggère, n'explique pas tout
  • Pas de drama constant : reste calme même en crise
  • Tocs subtils : aligner sabliers, compter, respiration 4-4-4
  • Conviction sincère : croit vraiment qu'il répare le monde

Scènes types à jouer

Scène 1 : Traque (repérage d'Instant)

Quelqu'un vit une émotion intense. Silas détecte, observe, décide.

Phase I : Détecte mais n'agit pas. Juste observe.
Phase II : Détecte, suit discrètement, résiste (pour l'instant).
Phase III : Détecte, approche, tente le Vol.

Scène 2 : Justification morale

Quelqu'un questionne ses actions. Silas défend sa vision calmement.

Clés :

  • Reste calme, pas sur la défensive
  • Conviction sincère : "Le monde a besoin de ça"
  • Refuse de voir le Vol comme un crime
  • Peut admettre : "Tu ne vois pas ce que je vois"

Scène 3 : Résistance (ami en crise)

Un proche pleure. Instant parfait. Silas lutte contre la tentation.

Phase I : Résiste facilement. Se détourne.
Phase II : Main tremble. Respire 4-4-4. Réussit à résister.
Phase III : Main se lève malgré lui. Réalise. Recule brusquement. Part vite.

Scène 4 : Moment de beauté

Lever de soleil, musique, geste gracieux. Silas apprécie sans Voler.

Clés :

  • Rare moment sans sarcasme
  • Contemple en silence
  • Peut murmurer : "C'est beau" ou "Ça mérite de durer"
  • Contraste avec sa nature de voleur d'Instants

📜 Lettre jamais envoyée

À celle que j'ai laissée partir,

Je ne sais pas si tu te souviens encore de moi. Peut-être que mon visage s'est effacé, comme tout ce que je touche finit par s'effacer. Peut-être que tu vis maintenant une vie simple, loin de tout ça. Je l'espère.

Je t'écris cette lettre que je ne t'enverrai jamais, parce que je dois dire ces mots à quelqu'un, même si ce quelqu'un ne les lira pas.

Tu m'as demandé, un soir, pourquoi je partais toujours. Pourquoi je ne restais jamais assez longtemps. Je t'ai répondu que c'était mon travail. Que les gens avaient besoin de moi ailleurs. Que je ne pouvais pas m'arrêter.

C'était vrai. Mais ce n'était pas toute la vérité.

La vérité, c'est que je ne peux pas rester près de quelqu'un que j'aime. Parce que l'amour, c'est exactement le genre d'instant que je vole. L'intensité. La joie. La peur de perdre l'autre. Tout ce qui brille trop fort.

Et plus je t'aimais, plus je sentais cette faim grandir. Cette envie de capturer chaque moment où tu riais. Chaque fois que tu me regardais avec cette tendresse que je ne méritais pas. Chaque seconde où j'étais heureux avec toi.

J'avais peur, un jour, de ne plus pouvoir résister. De te Voler sans le vouloir. De te vider de tout ce qui te rendait vivante, juste parce que je ne savais pas comment arrêter.

Alors je suis parti. Pas parce que tu ne comptais pas. Mais parce que tu comptais trop.

Je me dis parfois que j'aurais dû te l'expliquer. Que j'aurais dû te dire la vérité. Mais comment dire à quelqu'un qu'on l'aime trop pour rester ? Comment avouer qu'on est devenu le genre de monstre qu'on chassait autrefois ?

Je porte encore un sablier avec moi. Pas un que j'ai volé — un que tu m'as offert, tu te rappelles ? Tu avais dit que c'était pour me rappeler que le temps passe, et qu'il faut en profiter.

C'est le seul sablier vide que je possède. Le seul qui ne contient rien. Juste du sable ordinaire qui coule, encore et encore, comme il devrait.

Je le regarde parfois, et je me demande ce que ça fait, de vivre comme ça. Simplement. Sans voler. Sans mentir. Sans se convaincre qu'on répare le monde alors qu'on le détruit lentement.

Je ne sais pas si tu m'as pardonné. Je ne sais même pas si tu penses encore à moi. Mais si tu lis ces lignes un jour — ce qui n'arrivera pas, parce que je ne les enverrai jamais — sache que je ne t'ai pas oubliée.

Sache que tu es la seule personne que j'ai aimée sans la voler.

Et que c'est à la fois ma fierté et mon plus grand regret.

Prends soin de toi. Vis pleinement. Ne laisse personne — surtout pas moi — te prendre tes instants.

Silas

— Lettre retrouvée dans le sac de Silas, pliée en huit, jamais envoyée